Claude  Mauriac
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L’Agrandissement

Quatrième de couverture

Voici un roman à l’état de fusion. mais il a fallu beaucoup d’ordre pour reconstituer ce désordre. Voici un roman désintégré. Mais si un autre et même d’autres romans apparaissent à son origine, celui-ci présente un tout autonome et complet.
Roman au sens nouveau du mot, aussi éloigné de l’anecdote que la peinture l’est devenue. Il ne s’agit pas tant d’un tableau que d’un détail, agrandi et recadré, de ce tableau. Quelques lecteurs identifieront peut-être au passage des phrases qu’il avaient déjà rencontrées dans
La marquise sortit à cinq heures : celles qui forment les pages 23 à 26 de ce dernier livre s’y retrouvent, en effet, mais grossies de telle façon qu’elles en deviennent méconnaissables.
De même qu’un peintre recommence indéfiniment la même œuvre, insatisfait toujours, mais ne désespérant jamais, de même Claude Mauriac reprend et réorchestre dans
L’Agrandissement les thèmes de ses essais romanesques antérieurs, non seulement ceux de La marquise sortit à cinq heures, mais aussi du Dîner en ville et de Toutes les femmes sont fatales.
Il se peut que les lecteurs éprouvent, ce livre fermé, l’envie de remonter à ses sources. mais ceux à qui l’œuvre de Calude Mauriac est familière ressentiront sans doute plus que les autres le besoin de s’y reporter. Certaines énigmes posées par les ouvrages précédents de l’auteur sont résolues dans
L’Agrandissement où est révélée l’utilité de telle ou telle pierre d’attente qui, dans l’édifice final trouve sa justification.
Maintes possibilités d’interprétation n’en subsistent pas moins, soit que Claude Mauriac les abandonne à l’ingéniosité de ses lecteurs, soit qu’il les sache imprévisibles dans la mesure où elles ne le concernent plus. Ces pages sur le temps, l’amour la mort sont liées à des secrets personnels dont on ne peut s’entretenir avec qui que ce soit, sauf à demi-mots, dans les silences d’entre les phrases, les blancs des conversations, et des pages : sur ce mode que Claude Mauriac appelle du « dialogue intérieur », l’indicible, s’il ne peut être exprimé en clair, étant néanmoins transmissible.

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Incipit

… Martine ne s’est pas encore retournée une seule fois pour vérifier si je les suivais des yeux ma petite fille et elle, de ce balcon où elle devrait penser que je me suis placé sitôt leur départ pour les regarder s’en aller. Au ras de terre rampe sur ses pattes minuscules un teckel feu, que tient en laisse une grosse dame vête de jaune. À ma hauteur, de l’autre côté de la rue, une jeune fille rousse se contemple avec gravité dans une glace accrochée sur sa droite, à l’extérieur de la fenêtre ouverte. soulevant d’une main sa frange, elle remue doucement, comme si elle disait non, sa tête enfantince et charmante. Au carrefour, les dernières voitures passent en hâte. Ultime dixièmes de seconde du feu orange. Devenu rouge. Appel d’un téléphone à l’étage au-dessus. Me mettre enfin au travail.

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